1. |
Silence
03:14
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Ça sent le bout de la course, l’air devient lourd à respirer,
Y’a comme une odeur de soufre qui traîne dans l’atmosphère autour des cheminées.
On ne connaît même plus le ciel, c’est comme s’il faisait exprès
De se cacher sous les nuages, derrière les fumées colorées.
On a beau tendre le cou dans toutes les directions,
Le ciel n’est plus ce qu’il était, les vents ont dû tourner encore.
Regardez-le le ciel, comme il fait le malin,
Toujours à nous regarder de haut, le ciel, il va falloir le bombarder.
Et soudain le silence, comme une nuit de janvier,
Que les couleurs disparaissent sous la neige des écrans télé.
Rien que du blanc et des grésillements,
La même odeur partout...
Silence, mes sens.
Ça sent le bout de la course, la sortie de route incontrôlée,
Pendant qu’à l’étage du dessus ils veulent encore accélérer.
Les mers de sable qui se rapprochent des plages désertes,
Si quelque chose y bouge encore, il va falloir le bombarder.
Et soudain le silence, comme une nuit de janvier,
Que les couleurs disparaissent sous la neige des écrans télé.
Rien que du blanc et des grésillements,
La même odeur partout...
Silence, mes sens.
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2. |
En Plein Champ
03:30
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Tu marches en plein champ, horizon infini
Les tiges de blé coupé te blessent les semelles
Cette campagne n’est pas belle
Tellement elle s’étale, elle t’avale.
Tu marches en plein champ, ta voiture a versé plus haut
Trois tonneaux, toute pliée.
Il faut pas sortir de chez toi, quand tu es fatigué
Trop énervé, quand les boîtes de nuit sont fermées
Les routes ne tournent pas assez par ici
Tu as accéléré bien trop, jusqu’à tomber en plein champ
Tu marches droit devant, dans les odeurs de terre
Le vent dans tes oreilles, rien pour le freiner
Rien pour l’arrêter, le crâne ouvert.
Les routes ne tournent pas assez par ici
On s’ennuie.
Trois insectes grouillent vaguement, les derniers survivants
Avec toi.
Tu marches en plein champ, horizon infini
Les blés sont coupés.
Les routes ne tournent pas assez par ici
La voiture dans le fossé, toute pliée
Le crâne ouvert.
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3. |
Pigeon Plat
02:49
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Un pigeon plat me regarde d’en bas
Son œil éteint m’accuse, mais c’est pas moi
Qui l’ai écrasé là.
On ne le reverra plus, dans les angles morts des rues
Entre les tables et les gouttières
Fini pigeon.
Fini les miettes trop grasses et trop sucrées
Qui t’ont pesé sur le ventre en t’empêchant de t’envoler
Contre un bus, un SUV, un scooter trafiqué, une berline familiale
Tu n’as pas fait le poids
Les suspects sont des milliers
Dans nos villes où on ne prend pas garde aux êtres comme toi
Fini pigeon.
Pas de fleurs, pas de couronnes
Pour le pigeon tout plat qui tapisse le trottoir
Il emmène avec lui tout un chemin de vie
Un destin d’aigle superbe planant sur les montagnes
La vie n’a pas voulu, et le voilà en bas
Tout plat, tout plat.
Ça prend du temps d’éviter les animaux à terre
C’est plus facile de leur rouler dessus
On ne sent presque rien quand ils passent sous les pneus
Juste un petit rebond, un dos d’âne ridicule
Tout plat.
Fini pigeon.
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4. |
Ne Me Mange Pas
02:22
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Tu veux de la chair tendre, appétissante,
Tu m’as vu arriver, et mon odeur te tente.
Tu réclames une bouchée juste au creux de l’avant-bras,
Et tu n’arrêteras pas, pas avant d’avoir senti mon goût, pas avant.
Mais mords-moi, ne me mange pas
Mords-moi, ne me mange pas
J’ai tant de choses à vivre encore...
Mordille, grignote-moi, mais ne me mange pas, ne me mange pas.
Je ne suis qu’un tout petit animal
Perdu au creux de tes bras, sous tes doigts,
Nos amours peuvent être fatales, je le sens,
À peine le temps d’un repas.
Les dents aiguisées comme celles d’un chat,
J’essaie de te raisonner, mais ça ne te freine pas.
Je roule sur le côté, je m’enfuis, mais chaque fois, chaque fois,
Je reviens vers toi.
Mais mords-moi, ne me mange pas
Mords-moi, ne me mange pas
J’ai tant de choses à vivre encore...
Mordille, grignote-moi, mais ne me mange pas, ne me mange pas.
Tes yeux ont soif de sang, ils m’attirent comme deux aimants.
Je laisserais là toute ma peau pour une nuit contre toi.
Mais mords-moi, ne me mange pas
Mords-moi, ne me mange pas
J’ai tant de choses à vivre encore...
Mordille, grignote-moi, mais ne me mange pas, ne me mange pas.
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5. |
Personne En Ligne
03:51
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J’ai exploré tous les forums
Tous les sites, les réseaux
Il n’y a plus personne.
Où sont tous mes contacts
Les profils sont déserts
Les pages abandonnées.
Personne...
Mes yeux s’usent à guetter
Des traces d’activités
Les messages me reviennent.
Je rafraîchis, je mets à jour
Mais nulle part ça bouge
Mon écran est gelé.
Personne...
Un matin comme les autres
Il n’y a plus personne
En ligne
Du tout.
Personne...
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6. |
Temps Perdu
02:44
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Parfois le temps se met à boiter
Il ne tient plus bien la cadence
Ou bien il traîne ou il se presse
On ne sait plus le retenir.
Mais le temps est là, même quand on croit lui échapper
Toujours à grignoter, en laissant des miettes sur la table.
Parfois le temps tombe en morceaux
Il se brise comme une pierre de sel
On ne peut plus le reconnaître
D’une minute à l’autre.
Mais le temps est là, même quand on croit lui échapper
Occupé à user, à dissoudre, tous nos beaux projets.
On peut toujours essayer de le remonter
De le laisser se reposer dans une pièce sans lumière
Sans soleil ni lune.
Parfois le temps se fige
Sourd comme un mur, buté comme une bêche
Poisseux, gélatineux, plein de fièvre
Il se laisse glisser dans les coins.
Mais le temps est là, même quand on croit lui échapper
Tu peux tenter de le contourner
Il reviendra pour te border
Oui le temps est là...
Mais le temps est là, même quand on croit lui échapper
J’en reprends une bouchée, juste une
En espérant vous en laisser.
Tout ce temps perdu...
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7. |
Feux D'Artifice
03:19
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Les feux d’artifice claquent tous les soirs
Couronnent chaque fois un nouveau quartier
Les fusées décollent, explosent une à une
Selon un rythme désordonné.
On ne comprend pas qui les lance
Ni l’évènement qu’ils veulent marquer
On ne sait même pas quand ça commence
Mais on regarde, hypnotisés.
D’en bas, tout est léger, tout est léger
On rit de voir le ciel se consumer.
Rouge, jaune, orange, en bouquets
Petits brûlots à terre, constellations stellaires
Elles se relaient en grappe, hésitent
N’importe comment, à la va-vite.
Et ça monte, ça hurle, ça applaudit
Tous les gens penchés aux fenêtres
Devant une déclaration d’amour
Ou de guerre, une fête éphémère.
D’en bas, tout est léger, tout est léger
On rit de voir le ciel se consumer.
Les fusées s’élancent, elles illuminent
Chaque quartier, tour à tour
C’est un combat pour la beauté
Et pour le bruit, pour la fumée.
On ne comprend pas qui les lance
Ni l’évènement qu’ils veulent marquer
On ne sait même pas quand ça commence
Mais on regarde, hypnotisés.
D’en bas, tout est léger, tout est léger
On rit de voir le ciel se consumer.
D’en bas, tout est léger, tout est léger
On tremble de voir le ciel se consumer.
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8. |
Nouveau Jardin
03:36
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J’ai tracé un chemin, avec des parallèles, des perpendiculaires
Bien dégagé la terre, proprement, des graviers, des graviers.
Entre deux éclaircies, la pluie a balayé les bordures et le reste
Sans haine ni pitié.
La sueur absorbée, le jardin se redresse
Bientôt plus une trace de nos mains
Nulle part aucune trace de nos mains.
Et tout s’attache à nous, le lierre, le chèvrefeuille et les ronces
Les racines tendent leurs bras, qui enserrent et étranglent ce qu’on
voulait garder
Sous la terre plein de sons, des asticots qui bruissent
Ils ne font que glisser d’un bosquet à un autre, entre les fourches.
La sueur absorbée, le jardin se redresse
Bientôt plus une trace de nos mains
Nulle part aucune trace de nos mains.
Les graines sous nos pas referment le chemin
Derrière nous plus personne ne le retrouvera
Le voici, le jardin.
Les oiseaux hors d’atteinte guettent nos gestes de loin
La terre que l’on retourne, on leur rend ce service
Ils attendent en piaillant.
Ils viendront dévorer les fruits et les pousses que nous aurons semées
Sans haine ni pitié.
La sueur absorbée, le jardin se redresse
Bientôt plus une trace de nos mains
Nulle part aucune trace de nos mains.
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9. |
Je Veux Sortir
02:15
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Je veux voir
Je veux venir
Je veux pouvoir
Enfin sortir
Dégoupiller tous les chemins
Escalader à en mourir
Déboucher les souterrains
Remplir les mines de souvenirs.
Je veux boire
Pour me noyer
Je veux partir
Je veux me quitter
Flotter entre deux véhicules
Entre ma peau et ma peau
Effacer les traits qui me brûlent
Décaler mes yeux vers le haut.
N’importe quelle couleur
N’importe quel endroit
N’importe quelle personne
Quitter ces murs
Je veux sortir.
Derrière la porte il y a la course
Je veux sortir, je veux partir
Le monde fuit de toutes parts
Pourquoi pas moi ?
N’importe quelle couleur
N’importe quel endroit
N’importe quelle personne
Quitter ces murs
Je veux sortir.
Je veux partir
Je veux sortir.
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10. |
J'essaie Tous Les Taxis
06:52
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Tard la nuit, trop tard
Quand les verres ont été vidés et que je ne veux pas rentrer
Place de la Muette / Place Clichy / Place de la Bastille
J’essaie tous les taxis.
Les lumières sur les vitres, c’est beau comme ça brille
Quand on roule, les gouttes de pluie qui filent
Dans mes yeux embués
Les doux sons du moteur qui accompagnent les voix hurlant dans la
radio
À cette heure-ci, je ne comprends plus les humains
Ils peuvent toujours débattre, composer des opéras, moi je ne suis
plus là
Il fait chaud, il fait trop chaud
Au fond des fauteuils de faux cuir
Dans cette voiture que je n’aurai jamais
Place Denfert / Place Ménilmontant / Place Dauphine / Place de la République / Trocadéro
J’essaie tous les taxis.
De porte en porte, je veux poser mes yeux sur tout.
Porte d’Italie / Porte de Vanves / Porte Dorée / Porte des Lilas /
Porte d’Ivry / Porte de la Villette / Porte de St Cloud
Dans tous les sens dans tous les coins
Passer tous les tunnels pour ne plus rentrer.
Et repenser aux heures d’hier, aux mots qu’on a dits
Que je regrette, oubliés
Perdu dans les odeurs
Encore trop vite, trop tard, trop loin
Un soir trop flou, trop de lumières et de verres
Porte St Martin / Porte des Halles / Boulainvilliers / Porte de Bagnolet / Porte de Clignancourt / Boulevard des Italiens
J’essaie tous les taxis.
Il y aura bien enfin un lit qui m’attend quelque part
Mais plus tard.
Accélérez, suivez cette voiture
À l’aéroport, demi-tour
Prenez à droite, les quais plus loin
Passez le pont, changez de voie
Gare d’Austerlitz / Gare de l’Est / Les Invalides / Charonne / Suresnes
J’essaie tous les taxis.
Je veux tout voir
Tout voir, aller dans tous les coins
Encore une fois avant que l’aube ne vienne tout salir
Avant que tout s’éteigne, que le flou disparaisse
La Seine à cette heure-ci murmure tellement fort
On croit entendre la Bièvre
Elle est noire et gelée comme l’Histoire
Qui se répète et vient cogner
Contre les grilles du Louvre
Les silhouettes des vies perdues par Paris
On les croise ces soirs-là
Les ombres blotties dans les arcades
Dormant aux coins des murs
Notre honte est partout
La voiture accélère.
Place Ste Opportune / Place Gambetta / Place Ste Marthe / Place
Voltaire / Place Vendôme / Place des Ternes
J’essaie tous les taxis.
Dehors le givre qui mord.
Et repenser aux heures d’hier, aux mots qu’on a dits
Que je regrette, oubliés
Perdu dans les odeurs
Encore trop vite, trop tard, trop loin
Un soir trop flou, trop de lumières et de verres
Les oreilles bourdonnantes pour un concert désert
Et j’aime ça.
J’essaie tous les taxis.
Il y aura bien enfin un lit qui m’attend quelque part
Mais plus tard.
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11. |
Eisbaer (Digital Bonus)
03:52
|
Club Teckel Bordeaux, France
Un label indépendant de "woof"!
Record label based in Bordeaux, France.
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